Adventures of Marco Polo, 1938, USA
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Peu de noms autant que celui de Marco Polo évoquent autant l’Asie-Orient, pour le meilleur ou pour le pire. Autrement dit ses représentations, vraies fausses, ni vraies ni fausses. Et quelquefois délirantes, mais toujours dans le même ensemble. Et qui serviront de contexte ou de lunettes pour lire les essais suivants. En 1938, The Adventures of Marco Polo sont un grand succès, mais une catastrophe économique en raison de leur coût. Le premier rôle donné à Gary Cooper est à l’époque très critiqué.
Marco Polo, dragueur invétéré, est envoyé par son père en Chine, avec son valet. Trop cher en décors, de toute évidence, le voyage est expédié en quelques plans, et nous voici à Pékin, où Marco est accueilli par un Chinois parlant anglais, comme tous les Chinois d’ailleurs. Nous voici devant Kubilaï Khan après quelques minutes, bien plus encore qu’il n’en faut pour que Marco ne rencontre sa fille. Les scénaristes n’ont même pas suivi les récits antérieurs sur la Cité interdite, les eunuques, etc. Marco va presque aussi vite pour apprendre à la princesse et à la Chine comment embrasser…
Kubilai Khan est bien gentil, mais le méchant vizir, un étranger nommé Ahmed, une sorte d’Iznogoud (Basil Rathbone, plus Sherlock que nature), qui veut littéralement devenir Khan à la place du Khan, et qui jette ses ennemis aux lions, cherche à profiter de la situation en envoyant Marco espionner à Kaidu, un territoire peuplé de véritables asiatiques de cinéma. Longs nez compris. Qui zigouillent les espions comme un vrai petit dragon. Marco est fait prisonnier, mais le roi de Kaidu lui trouve tout de suite un nouveau rôle : s’occuper de sa femme pendant que lui lutine sa maîtresse ! Authentique.
Pendant ce temps, la flotte de Kubilai prête à envahir le Japon est détruite par un typhon. Ahmed se voit déjà empereur et menace Kubilai à son retour, l’obligeant à lui donner sa fille. Prévenu par un message de la princesse, Marco participe à un complot contre Kaidu pour le sauver par miracle. Il réussit à le convaincre de le laisser retourner à Pékin, entre en secret dans le palais et sauve la princesse qui allait se suicider, pendant que Kaidu attaque la Cité interdite. Alors que Ahmed organise une cérémonie de mariage très XXème siècle, Marco fait sauter les portes de la Cité et tue Ahmed en l’expédiant aux lions. Juste rétribution à la sauce hollywoodienne. Kubilai et Kaidu font la paix grâce à la fourniture d’un harem complet. Reste le plus difficile, clore un scénario délirant que l’identité de son héros interdit de clore n’importe comment. Marco accompagnera la princesse sur les mers pour aller épouser le roi de Perse, voyage qui devrait prendre très longtemps…
En tout état de cause, un des plus mauvais films de l’histoire du cinéma, franchement réjouissant pour cette raison, mais qui annonce bien des images qu’Hollywood va donner des soldats japonais dans les années qui suivent. Il cumule à peu près tout ce qu’on peut trouver dès avant la guerre de poncifs et de ressorts dramatiques éculés. Détournement complet d’une œuvre, point de vue strictement américain, Chinois réduits à leur squelette représentatif : fourberie, cruauté, harem, langage stéréotypé (honorable étranger), et connaissance parfaite de l’anglais, y compris dans la cité interdite. PM