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L'association

Revue Tangun et les trois Corées

La revue tan’gun papier et la revuetangun.com se donnent pour objet d’étudier les trois Corées, sur lesquelles on dit tout et son contraire, sans toujours interroger sa propre légitimité à participer aux débats.

La seule expression de « trois Corées » pose quantité de questions, la première étant évidemment le refus d’envisager l’idée même de trois Corées, tant au Nord comme au Sud. Pour l’immense majorité des Coréens, la Corée est Une, et sa division actuelle est une anomalie à régler. Les problèmes commencent dès qu’il s’agit de définir ce règlement, et cela fait maintenant près de 75 ans que personne n’y parvient. L’historien sudiste Yi Kibaek parle de "structure de la division" pour définir la cause du blocage. 

Nous n’avons ni le pouvoir ni le désir de penser ou d’agir à la place des Coréens. En tant que chercheurs, et pour nous affranchir de cette "structure de la division", nous préférons partir d’un constat réaliste, l’existence de trois entités politiques géographiquement contiguë, et qui se définissent comme "coréennes", quel que soit le ou les sens qu’elles donnent à ce qualificatif. Nous postulons qu’elles sont analysables et que notre approche permet de sortir de la confrontation immobile et désenchantée Nord/Sud (ou Sud/Nord). Ce qui, incidemment, permet aussi de questionner les diasporas (certaines antérieures à la division et sommées de prendre parti) et les individus (de plus en plus nombreux) qui ne se reconnaissent pas dans telle ou telle Corée, pour qui la "Corée" existe dans les esprits mais qu’aucune entité politique n’est légitime pour s’en réclamer seule.

Philippe Pons, dans son article Les mots ensorcelés des écrivains d’origine coréenne (1997) citait deux Coréens :

« Je ne suis ni japonaise ni coréenne : tel est le point de départ de ma vie » écrit Yu Miri dans Cinéma familial, « Je suis coréen, mais ce pays n’existe plus. Il faut être du Nord ou du Sud. Moi je ne suis ni de l’un ni de l’autre » ajoute Kim Sok-bom, dans A l’ombre de la terre. »

Ces deux constats expriment de façon poignante et directe l’enjeu de la question des « Trois Corées » et devraient, normalement, interdire de la nier au profit d’une Corée qui se veut (se rêve) unique, homogène, intangible et indiscutable. Donc idéologique en ceci qu’elle a réponse à tout. Tous deux sont le fait de Coréens du Japon et c’est peut-être grâce à cette distance qu’ils peuvent dire de façon plus nette ce que tout Coréen porte en lui.

Ce n’est pas compliquer à plaisir la question que de noter que l’expression « Trois Corées » pourrait elle-même recouvrir une excessive simplification, c’est-à-dire prétendre définir trois entités homogènes, clairement définies, au lieu d’une seule, elle aussi encore plus facilement définie qu’elle n’existe pas. Sans même parler des très profondes divisions régionales, on peut se demander ce qu’est la « Corée » pour un octogénaire ou un étudiant, un paysan du Hamgyongdo et un conducteur de bus de Pusan. C’est, à nos yeux, le principal défaut du motif unificateur de la division : il interdit de se poser ces questions. Les problèmes mis sous le tapis aujourd’hui ressurgiront inévitablement, sous d’autres formes et autrement violemment.

Dernier point : Si l’on pense avec Bruce Cumings que la guerre de Corée (puis la division) n’a été que la forme chaude d’une guerre civile commencée sous la colonisation (les Années Vingt) et jamais terminée, on ne trouvera de solutions qu’en en comprenant les causes.

La Corée n’est pas plus « une » que « trois ». Mais si la « Corée une » est une affirmation idéologique, les « trois Corées » sont un artefact, un outil pour l’analyse.

L’ampleur de la tâche, que nous ne nous proposons pas d’accomplir seuls, ne nous échappe pas. Pour bien en faire comprendre la profondeur, et cela surprend toujours, rappelons que cette Corée, qui serait une et dont la réunification serait évidente, cette Corée n’a pas de nom pour se désigner ! En clair, il n’existe pas de mot en coréen pour que les Coréens puissent désigner consensuellement leur pays de la même façon… Au Sud on dit Han’guk ou Taehan min’guk, au Nord Choson ou Choson minjujuui inmin konghwaguk, en Corée chinoise Chaoxian, mais Hanguo pour le Sud. Le vieux nom de Koryo a été proposé pour désigner la Corée réunifiée, on essaie Korea sur le plan international, sans compter que le problème de l’orthographe Korea/Corea, le second marquant un refus par la gauche sudiste du Korea américanisé.

Nous allons tenter, avec revuetangun.com, d’analyser les trois Corées, y compris dans ce qu’elles ont de commun, qu’on peut appeler la coréité. Nous accueillerons naturellement d’autres recherches que celle du CRIC Centre de Recherches internationales sur les Corées.

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