Drame à Itaewon
Le quartier d'Itaewon à Séoul est connu pour être un lieu festif et multiculturel. Le jour, on y déguste des plats des quatre coins du monde, du Vietnam à la Turquie, en passant par la Jordanie ou le Mexique. On y vient flâner ou visiter la mosquée centrale construite en 1976. Lorsque la nuit tombe, tout le monde se retrouve pour danser jusqu'au petit matin dans les nombreux bars et boîtes de nuit du quartier. C'est aussi ici que la communauté LGBTQ+ y est représentée. Itaewon est un quartier de libertés qui échappe au temps et à toute la pression sociale dont souffre la jeunesse coréenne.
Cela faisait trois ans qu'Halloween n'avait pu être célébré à Itaewon en raison des restrictions dues à la pandémie de Covid-19. Depuis des semaines, les Coréens attendaient ce week-end du 28-29 octobre pour pouvoir enfin se retrouver dans ce quartier bien connu pour ses soirées d'Halloween.
Samedi 29 octobre 2022, pas moins de 100 00 personnes étaient attendues dans les rues étroites et pentues d'Itaewon. Rapidement, les sorties de métro et les rues avoisinantes se sont retrouvées bouchées par l'afflux massif de personnes. À partir 22h, les premières chutes d'individus sont signalées.
La police et les premières ambulances ont mis un certain temps à rejoindre le lieu de l'accident. On apprendra plus tard que plusieurs centaines de signalements avaient été faits dès 20h à la police indiquant l'arrivée imminente d'un danger en raison de la foule, mais certaines équipes de police avaient été mobilisées plus tôt dans le centre de Séoul pour contrôler des manifestations.
Lorsque la police et les premières ambulances arrivent, il est trop tard. Un impressionnant mouvement de foule s'est produit dans une ruelle étroite près de l'hôtel Hamilton. Sur les réseaux sociaux, des vidéos montrent des dizaines de corps inanimés au sol recevant des massages cardiaques.
La soirée d'Halloween tourne au cauchemar. Au total, 156 victimes ont été déplorées, dont 26 étrangers. La grande majorité des victimes étaient âgées d'une vingtaine d'années seulement. La jeunesse coréenne est de nouveau frappée de plein fouet, 8 ans après la tragédie du ferry Sewol qui avait coûté la vie à 304 personnes, la majorité étant des lycéens.
Les jours suivants la tragédie, on vient rendre hommage aux victimes sur les lieux de l'accident. On vient pleurer ses enfants et ses amis perdus. C'est l'effroi et l'incompréhension générale. On cherche à comprendre comment une telle chose à pu se produire. On ne parle que de ça, partout, tout le temps.
Alors à qui la faute ? À la négligence des autorités qui étaient pourtant au courant, mais qui avaient décidé de déployer moins de 200 agents à Itaewon pour prévenir l'éventuel trafic de drogues et le harcèlement sexuel ? Au gouvernement sud-coréen qui, au lendemain de la catastrophe, a déclaré qu'une plus grande présence policière n'aurait pas permis d'éviter ce drame ? Une chose est sûre, ce n'est certainement pas la soi-disant "inconscience" de ces milliers de jeunes qui étaient venus se divertir après trois ans de restrictions sociales qu'il faut pointer du doigt. La faute ne se situe pas du côté des victimes.
Aujourd'hui, les Coréens demandent justement des réponses. Plusieurs enquêtes sont en cours pour déterminer l'élément déclencheur de l'incident. La police a également reconnu que le manque d'effectifs sur place était une erreur.
© Illustration de Julien Saint-Sevin Librement inspiré de news.sina.com
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