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Writer's picturePatrick Maurus

édito mars 2024:Que se passe-t-il en RPDC ? 



© Camille Fourmeau



70 ans après l’armistice, la RPDC, alias Corée du Nord, continue d’être l’objet de discours critiques et haineux. S’ils n’étaient que critiques, pourquoi pas, encore qu’il serait appréciable que les auteurs de ces discours aient un minimum de connaissance pour les émettre. Le problème est que ces discours vont tous et toujours dans le même sens. Ce qui leur sert d’ailleurs d’autojustification. Le fait que la quasi totalité des donneurs de leçons ne connaît strictement rien à la Corée du Nord. Au point que, on l’a souvent noté ici, c’est devenu la norme et que l’exception, c’est de savoir de quoi on parle.


La raison d’être (le prétexte) du prurit actuel est, une fois de plus, la campagne nord-coréenne d’essais de missiles (= menaçants) et de satellites (= espions). Il existe un lien étroit entre la violence des critiques et la faiblesse de l’argumentation. Il suffirait (!) simplement à tous nos spécialistes occidentaux d’étudier un peu l’histoire. Les îles qui sont l’objet d’un interminable contentieux, fondé sur un fait simple et incontournable : leur statut maritime a n’a pas été couvert par l’accord d’armistice de 1953. Ce qui n’interdit pas les solutions. Il n’est pas interdit de lire l’article de Yoo Junghwan sur « La North Limit Line en mer Jaune et le retour de la guerre froide sur la péninsule coréenne », dans le numéro 141 de la revue Hérodote, pourtant largement consacré à de la propagande sudiste.


Nous n’avons ici pas la moindre compétence en matière d’outils militaires, et nous n’en parlons donc pas. Nous ne nous intéressons qu’au discours anti-coréen et à son évolution. Et force est de constater qu’il est particulièrement benêt. Car que reproche-t-on à Pyongyang ? D’avoir et de tester des armes modernes. On voit ce que ce comportement d’un pays toujours en quasi guerre depuis 78 ans peut avoir de fielleux aux yeux de nos donneurs de leçon tarifés des médias français ! Un adversaire qui s’arme et se défend ! Où va-t-on ?! 


Mais cette fois-ci, reconnaissons-le, il y a du (légèrement) nouveau : la Corée du Nord a des alliés et s’autorise même à commercer avec eux !  Où va-t-on si « nos » ennemis s’entendent entre eux ! 

On ferait mieux de s’intéresser à ce que ces événements signifient pour la RPDC. Ce véritable bond en avant pour le commerce extérieur nord-coréen. Nous en reparlerons.


Néanmoins, d’un point de vue rhétorique, ce n’est pas business as usual en RPDC. Nous avons en son temps commenté le 8ème congrès. Beaucoup de choses changent. Suite à l’échec reconnu de la politique d’autonomie économique du 7èmecongrès, tous les aspects de la politique se sont durcis. A cela s’ajoute à ce qui semble le premier aveu public du phénomène, une nouvelle crise alimentaire :


« L’année dernière, nos généraux, officiers et soldats ainsi que les familles de militaires ont pris l’initiative, en réduisant leur consommation, de remédier à la crise alimentaire à laquelle le pays a été confronté dès le début de l’année. Et ils ont réalisé avec honneur les tâches assignées par le Parti avec une attitude plus progressiste et plus active encore. Ainsi ont-ils fait de cette année l’année la plus glorieuse de l’histoire du développement de l’armée, émaillée d’exploits légendaires et de faits prodigieux. » Discours sans date publié en janvier 2024

Avec la destruction du monument de la réunification à Pyongyang, sur la route menant à Séoul (deux femmes joignant les mains), le changement de ton concernant la réunification est devenu palpable. Dans le même discours, Kim Jong Un a franchi une étape, qui efface de multiples tentatives pour établir un dialogue et confirme que la réunification n’est plus à l’ordre du jour :

« Ayant défini ainsi sans équivoque la République de Corée fantoche comme État ennemi, en nous débarrassant de l’entrave irréaliste qui nous obligeait, en vertu de l’expression rhétorique selon laquelle nous serions des « compatriotes » et à mener un dialogue et une coopération, fût-ce de pure forme, avec elle qui recherchait pourtant l’effondrement du gouvernement de notre République et rêvait d’une unification par absorption. Nous en sommes venus à pouvoir accroître notre potentiel militaire avec le droit légitime de la combattre et de la supprimer à la première occasion, de maintenir notre position d’affrontement tout à fait intransigeante, de sauvegarder la dignité d’un pays indépendant et souverain, pays socialiste, et de rendre le contexte environnant toujours plus favorable à nos intérêts nationaux. » (les passages en gras sont notre fait)

A lire bien sûr en regard des déclarations bellicistes du président du Sud.

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